Souffle

1991

Je me suis laissée dériver sur ton souffle – tu exhales l’odeur des fleurs qui s’épanouissent – ton souffle retenu fait vibrer mon ventre.

J’ai déambulé dans ton attente infinie, me suis apaisée dans ton immobilité – tu te recueillais, rêveur, dans ces fossiles, pelotonné au cœur d’intimes spirales, enroulement toujours ouvert sur toi-même, conque immobile qui palpite et vibre, patience inconcevable, attente bord à bord.

2022

Je déambule dans le souvenir de mon attente intime, apaisée par la chaleur de ton regard posé sur ma joue – tu recueillais dans ma voix les fossiles tapis au cœur d’infinies spirales, l’enroulement ouvert pour toi de ma chair, la conque patiente, désireuse de l’inconcevable baiser.

Je laisse pénétrer en moi ton souffle léger, légère comme une respiration retenue ; les rues exhalent une odeur de fleurs flétries.

Fleur

1991

Leitmotiv, ma fleur d’éphémère, effarante, affolante douceur, dédale de chair parfumée, demi-ombre dans les lampes, réceptacle des corps traversés par des phrases que défont mes transports immobiles.

Leitmotiv, ma douleur dans laquelle ton visage attentionné puise sa limpidité, désir de cette fleur à tes côtés, affolante, effarante, éphémère douceur de l’éclosion incessamment renouvelée de celle que tu effleures.

2022

Leitmotiv, ma fleur de chair effarante, nécrophage, fleur de phrases perdues dans un dédale de silence, lèvres suppliantes de la douceur de tes mains et de ton visage améthyste, au parfum de nos sexes emmêlés.

Leitmotiv, ma fleur affolante de chair immobile, paroles et désirs assourdis, éphémère douleur de l’absence, attente de l’éclosion de l’obscurité dans ta demi-tombe où tu m’effleures toujours.

Deuil

Recueil

1991

Je suis tout ensemble, immobilisée devant ta porte, creusant à tes côtés l’abîme de mon corps ouvert, et dans les métros qui l’enlèvent et le ramènent à ton sexe pour un acte rêvé, la brève et douce exubérance distend chacun de mes instants en une vie de souvenirs futurs, entêtante douleur d’un amour d’ores et déjà endeuillé.

2022

Immobile, j’attends devant la porte l’invite secrète à creuser à ton côté l’abîme de mon corps. Je me déshabille en prolongeant ton regard sur ma nuque, et ma poitrine ouverte. Ton sourire flotte douloureusement sur les vitres de mes wagons d’oubli. J’oppose, pour le briser, mes plaintes à ton silence, tes mains lancinantes en deuil de mon sexe.