Coupe

1993

J’ai rêvé être la coupe 

Vide où se concentrerait 

Ton parfum 

Je suis la page écorchée 

Par tes silences et tes phrases 

Si soudaines 

Mais quand ton sexe vit en moi 

Je resserre bras et jambes 

Pour t’étreindre 

Et pour m’emprisonner, seule ?

.

2023

J’ai tenu si longtemps un voile
De pudeur sur le désir
Redoutable d’ensemencer
Ta langue, buvant la coupe
De tes paroles feutrées, tu
Devinais sous l’apparence
L’éperon endurci battant
Ta coulpe silencieusement
Confessée, mon seul mot d’amour

Ciel

1993

La ville emmurée dans le ciel

– berceau inversé de la pluie –

Couvre de son indécise

Rumeur l’attente interminable

Nos pas cognent contre les murs

Lézardés – m’as-tu désirée

Entre les interstices des mots ? –

Des rues interdites aux baisers

Je pose les yeux sur les choses

– le cœur battant son rappel –

Dont les échos se sont glacés

Comme nos regards confondus

Ton souvenir immobile

Pénètre les choses

Comme le ciel reposé

Avons-nous vaincu l’attente ?

2023

Quel est l’espace qui doit nous partager ?

De trop près nous sommes le charme de

L’autre qui se mue si vite en querelle –

Passion des corps renonçant à eux-mêmes –

J’ai tant aimé me consumer en toi

J’en ai perdu le goût de vivre quand

Tu as cessé d’être nous, et j’avais

Trop peu de force pour me réunir

L’espace qui nous sépare aujourd’hui

Lune rousse, est celui de ton sourire

Tu ne dis rien, jamais, et ce silence

Nous tient à la distance idéale

Chacun de tes regards est un aveu

De mes échecs passés à comprendre

La promesse, ciel qu’il ne faut pas attendre

De l’amour tu ne diras rien, attendre ?

Écart

1998

Le longs des berges immenses
Ta voix, comme unique chemin
Sans issue, de mes années aveugles
Captives, remonte sans fin

La lisière des mots, rebord
Du silence et de l’aurore
La ponctuation du souffle
Retenue au bord des gouffres

Et nos bras mesurent l’écart
Qui, fidèle toujours, partage
Nos deux mémoires tremblantes, là
Séparément, ici ensemble.

2023

Le jour où le vent a emporté tes couleurs,
J’ai doucement pesé l’air qui nous sépare
Possédée par la métaphore de tes bras chauds
Autour de mes épaules – tu appelais en moi
Les femmes contenues, fatiguées d’existence

Tu as mesuré, bel arpenteur, la durée de mes joies
Sur la berge le long de laquelle coule
L’eau blessée, là où je repose nue – je saigne
Toujours quand tu me caresses du regard

Un jour, surprise de connaître les odeurs des rues où nous avons fait l’amour
Je traverserai le voile de mes fatigues
Guidée par le reflet de ton sourire et la
Consonance de tes pas anciens

Je ne me perdrai plus dans tes attentes
Je saurai où je suis

Innocence

1992

Cette odeur qui m’inonde et m’abreuve

Votre corps au réveil qui ruisselle de

Gestes mêlés d’eaux et de sommeil

Exhale encore, vêtu, ses parfums

Que j’aspire, métamorphose de

L’insignifiance en intimité

Traversée entre dehors et dedans

Ma bouche exalte et accueille ta puissance

Silence qui espère la saveur

Connaissance et mesure de ce qui unit

Hommages que l’on rend dans l’abandon

Lente communion de chairs devant leur désir

Innocence retrouvée entre nos lèvres

Lac empli de lenteur, bouche qui explore

La source de ses larmes, avec l’or du ciel

L’arc tendu de ton corps, rose et noir de ton sang

2022

Mon désir, ton innocence, ton silence 

Ma bouche, ta puissance, ta mesure 

Mes lèvres, ton abandon, ta saveur

Ton odeur ruisselle sur mon intimité

Comme l’eau de tes gestes inondent mon sexe

Dans un baiser doux métamorphosé en nuit

Je me suis ensommeillé en toi, tu me rêves