Noèse, noème, parfums d’exil aux visages intimes
Noèse, noèse, réminiscences de mes terres d’asile –
Y avais-je appris le langage des maux
Noème, noème, battements lourds des cœurs pétrifiés
Dans les coquilles sanglantes où se perdent les échos
Des précieuses histoires – ai-je cru y lire la mienne
Chants de l’amour, noms apprivoisés, voies défendues
Adresses secrètes dans la ferveur du silence –
Deux sexes désaccordés s’affamant de vertiges –
Art de livrer au plaisir nos corps à contre-temps
J’ai désavoué l’éclat amer des crépuscules
Inventant le prénom de chacun de nos baisers
Notre soleil s’est éteint en maudissant ses flammes
J’ai repeint le ciel aux couleurs de la solitude
Et j’ai chassé l’azur – nos enfants ne sont pas nés –
L’amour s’est tu dans le vaste champ de notre oubli
Retiré sur ses terres sombres, deux noms ensevelis
J’ai mordu nos lèvres jusqu’au sang
Pour imprimer notre goût dans ma
Chair fertile
J’ai brodé, sur les draps trentains le
Monogramme de nos initiales
Entrelacées
Je t’ai donné un nom pour gorger
De sens notre histoire morcelée :
Qu’il ne reste sur ses pages nulle
Tâche de néant
J’ai pris ta place dans ce fauteuil
Et tracé le senhal qui est tien
La signature qui nous unit
A jamais
Le mot occitan senhal se réfère à un nom d’invention employé par les troubadours pour désigner la femme à laquelle s’adresse leur désir. Il peut aussi dissimuler et désigner le signataire, son modèle latin étant signare, d’où vient signer