Dans le village où je passe l’essentiel de mes vacances, les nuits sont très silencieuses. Mais, parfois, on entend quelqu’un jouer du cor de chasse. Ce son très poignant me rappelle le poème d’Apollinaire qui porte le nom de cet instrument. Le cor est souvent évoqué en poésie : chez Baudelaire (Le Cygne II), chez Victor Hugo (Le Rhin), à qui Baudelaire dédie son poème, chez Alfred de Vigny (J’aime le son du cor le soir au fond des bois) chez Paul Verlaine (Le son du cor s’afflige vers les bois/ D’une douleur on veut croire orpheline), chez Jules Laforgue ( Les Complaintes, Complainte des printemps, Complainte du soir des comices agricoles, Derniers vers, L’hiver qui vient).
Mois: mars 2017
Voter
Comme beaucoup d’entre nous en ce moment j’assiste à des débats, je m’efforce de consulter des programmes, je pense à l’avenir ; je me prépare à voter. J’espère l’adhésion, le souffle, l’idéal. J’envisage le vote par défaut, le choix du moindre mal. Je me prépare à la déception, aux accidents. J’affronte des apostrophes, je participe à des diners où l’on oublie ce qu’on mange et parle météo pour éviter les tempêtes.
Archange
Je vous entends déjà me demander « Pourquoi choisir le mot archange à propos d’un poème de Michel Houellebecq dont ce n’est pas le titre ? ». Ce n ‘est pas seulement parce que dans un blog on est libre de faire ce qu’on veut. Au-delà du fait que le mot est présent dans le texte (Où nos pères ont vécu sous l’aile d’un archange), cette figure représente ici la nostalgie de la protection paternelle, celle de l’ordre ancien du monde, jusque dans la littérature, qui est un des traits dominants chez Michel Houellebecq. En poésie et notamment dans ce texte, il revendique son caractère « inactuel » et les principes pré raphaéliques[1] que l’on retrouve par exemple dans son roman La carte et le territoire.
Je
La semaine dernière, j’ai écrit sur le verbe être et, au fil des associations, je me suis souvenue d’un poème d’Hector de Saint-Denys Garneau lu dans l’adolescence. Il me semble, avec un autre texte, exprimer très subtilement les fragilités et l’énergie du pronom de la première personne du singulier.
Être
Où es-tu ? Coucou, je suis là ! C’est mon premier souvenir du verbe être. Au tout début, nous sommes l’univers. Les lignes du verbe être ne sont pas tracées. Enfin, c’est ce que nous a appris Freud et que confirme Amélie Nothomb dans La métaphysique des tubes.