Certaines rivières sont le silence, enfoui dans tes yeux
elles sont la boue, la vase
le vide qui vient.
Tu es le virage, aperçu trop tard,
la perte d’équilibre.
Certaines rivières grondent
elles se préparent au sommet des rêves
elles emportent l’usure des jours.
Tu es le visage, fugace, espéré
aperçu dans un reflet de l’eau.
Certaines rivières charrient des phrases,
des lignes de pierres qui se heurtent, des blessures
elles saignent.
Tu es le bruit battant
de la pluie.
Certaines rivières débordent, me débordent
mais les saumons qui brillent en inversent le cours
le pêcheur attend, pilier d’un pont de fils.
Texte écrit sur la proposition de Laura Vazquez dans son atelier Certains mots vivent dans ma gorge – avec Audre Lorde & Schopenhauer.
En mémoire de Jérôme, défenseur des espaces naturels et pêcheur dans les gaves pyrénéens évoqués par le beau documentaire « La rivière » de Dominique Marchais.