Battements

La pluie tombe des nuits entières sur les tuiles, elle a le battement irrégulier de la douleur.
Ces larmes longtemps contenues vont dégager un ciel neuf – voilà l’espérance.
Et pourtant elle frappe les touches du piano, valse des souvenirs sur les quais humides – noirs et blancs – elle contourne les vents changeants, elle est l’orage du plaisir, elle étreint les mensonges du passé et fait son tempo de la joie.

Notre cœur s’y affole.

Poisson-froid

Je suis une lame qui vient du fond de l’eau, j’enroule sur ta peau mes épines de glace pour t’emmener au-devant de chacune des morts dont nous avons tous les deux hérité. Jadis, je me suis éloigné de la chaleur du centre, j’en ai gardé des velléités de conquêtes – toucher le ciel sombre au-dessus de la lourde matière qui emprisonne mon âme, je n’y ai trouvé que la brûlure des mensonges.

Mais de ma retraite salée, j’ai aperçu les reflets féminins de l’océan – sans tes jambes ouvertes sur l’aube, j’aurais fermé les yeux et oublié mon corps.