1998
Foules éparpillées, cercles de pas sans fin nous voici, dans le silence, innombrables
Où sont, désormais, les louanges anciennes, les baisers indisciplinés comme multitude de papillons fous ? Quand nous sommes-nous abîmés dans l’amour immobile ?
Nous dérivons chaque jour sans destination—je suis ici, aussi égarée que vous là-bas— sans savoir où déposer son cœur
Vous vous souvenez du fleuve qui nous emportait dans ses phrases érogènes : il irriguait en nous les courants sous-marins de nos chairs asphyxiées
Et je me rappelle le dédale de ta retraite sans étoile où je saurai un jour te visiter
Si le poème meurt, nous ne nous serons pas aimés
2023
La solitude a mordu ma peau de ses dents misérables – l’ennui embrasse aussi mal que les souvenirs brisés – je me suis retiré de toi pour éloigner les tourments
Aujourd’hui pourtant, je te protège encore de l’épaisseur de ton ignorance – que sais-tu vraiment de moi ? – dans l’attente de ton parfum amer
Tu es venue me prendre au pied de l’arbre du repentir – c’est toi qui bientôt griffera mon torse de tout le mépris du ciel
Et je me soumettrai à la loi de tes rythmes – tu as été redoutable avant de l’oublier – dans la paix du départ que tu m’as refusé
Je t’écouterai hurler toutes les années perdues