Apaisement

Les émotions se sont perdues jadis dans les espaces feutrés, les chambres où des jeunes femmes me rejoignaient dans les après-midis de soleil – je goutais leurs lèvres, leur santé haut-perchée perçait ma poitrine – l’odeur de leurs sexes suffisaient à me faire croire au plaisir, chaque étreinte était le lieu d’un bonheur à venir.

Puis, j’ai été paresseux, la lassitude m’a désorienté – topique, topique, des lieux vides se sont succédé à d’autres, tout juste désertés – bientôt les mots eux-mêmes auraient fini par disparaître.

Le néant a rempli la vie des futurs divorces, la nature même du passé s’en est trouvée modifiée – je souris encore aux amères morsures de l’attente, j’attends que la foi, dans son jardin secret, renaisse.

Est-il trop tard pour découvrir la terre lourde des réalités oubliées, celles de l’enfance froide – et faire reverdir la colère ?

Je te regarde avec émerveillement – surprise – tu ne mens jamais.

Je ne sais pas mentir – mon corps a-t-il déjà cessé de plaire ? – Les mots tressés d’amour étranglent ma gorge d’une sourde indifférence.

Mes yeux griffés – tristesse des escarpements sur les mers de nuages – cherchent encore l’éblouissement.

Rien n’est plus tenace que l’odeur de la chaleur partagée, mes seins effleurent les draps lisses comme des paupières closes.