1993
La rue se jette dans les mots obstinés
De mon sommeil, une aiguille a transpercé
Ma nuit interminablement les minutes
Serrent mon cœur
Cadence, cadence, diastole, systole, transparence
D’un voile de minutes sans visage, mon cœur
Étouffe ses battements pour que, ailleurs
Dorment les morts
Le jour je n’ai qu’une voix pour t’épouser
Présent impénétrable, ton corps est une
Douloureuse joie, je n’ai plus assez de
Vie pour t’aimer
2023
J’ai épousé en noces blanches la nuit sans étoile
Souriant obstinément à chacun des regards
D’insomnie qu’elle pose sur moi dans une caresse
D’amour, de haine – ses doigts de liqueur n’en font aucune
Différence – à force de ne plus savoir souffrir
Je ne sens plus le mal, quand ses lèvres prennent mon sexe
Durci, la jouissance est une immense moucheture
Dans le ciel et l’azur une colère sans nom
La nuit se fend toujours de ton sourire blessé
Quand je foule en silence tes prières passionnées
Et le jour fige ma place imparfaite d’époux
Au passé inconciliable avec le désir
Aujourd’hui as-tu enfin, bel horizon fané,
La patience d’attendre, pour toi ai-je encore une voix ?