Je cueille les mots avant de les entendre
Aux commissures de tes lèvres
Pour ne perdre rien, pour n’oublier
Rien de ce qui vibre longtemps
Pour gouter cette phrase
Feuille à feuille
Pour inventer le temps
Le temps de l’enfance toujours si long devant
Pour que tu ries de mes efforts
–Ton rire est une portée de notes
Une chanson qui bat sous ma peau
Mois: octobre 2024
Réveil
Au réveil
L’émission reprend
Le filet de bruit
Comme un filament qui grésille
Dans la tête
L’eau de la rivière coule
Sur le lit rocailleux
Présence obsédante
Ni à l’extérieur, ni à l’intérieur
Soi vaguement
Dans le flux du monde
Pointe avancée de la vie
Qui souffre sans passé
Et se tait
Dans un murmure.
Séparation
À l’heure grave de la séparation,
nous avons souri,
regardant un instant,
le soir tombé sur le ciel
comme un jouet d’enfant renversé.
Nous nous sommes embrassés,
dans la bouche, toujours nue,
la première sensation,
j’ai respiré tes cheveux
pour en garder l’odeur de boucles.
Quand j’ai demandé pourquoi,
tu as demandé le silence,
une autre manière d’aimer,
la distance des corps
comme une promesse.
Il y a ici quelques rues
menant à nos retraites
de pierre et de ciment,
quelques lignes offertes
à l’ennui.
Ce soir, nous avons souri
en nous séparant,
à la main chacun pour soi
une chandelle.
Effluve
La vie m’est tombée des mains
Pareille à ces objets qui m’échappent
La conscience de la fin
S’allonge à mes côtés
Mais la douceur des draps
Me rend, dans un froissement
L’odeur de ton amour
Cette eau de toi en moi
Dans cette odeur je me borde
Éphémère mémoire
Elle se mesure à ce qui fuit
Dans mes paupières tremble
La fleur carmin
Parfumant le sommeil