1992
La nuit, toutes les nuits, je cherche le sommeil dans vos yeux gris, les lèvres surprises dans leur solitude.
Les parapets du lit s’arrondissent sous vos coudes repliés, là où reposent les ombres de vos mains.
Nous réalisons toutes les séparations en une seule arabesque lorsque vous écoutez couler mon corps désespéré dans votre bouche.
Je change mon propre goût jusqu’à tout oublier.
2022
Te déboutonner, lentement, déshabiller ton tissu de paroles, te forcer à endurcir ton âme,
T’obliger à me recevoir, à t’incarner en moi dans l’oubli du combat,
Rendre la caresse du temps sur ta peau vieillie par le sel de ma bouche,
Fourbir ma langue de cris atroces, te défaire sur le champ nu,
Puis espérer que tu souffres de mon absence, en m’inondant de toi jusqu’au dégoût,
Et brûler enfin les vêtements inutiles.