Rapa Nui

Une voyageuse quitte au petit matin le port d’une île bretonne, après que, pendant la nuit, l’île a essuyé une tempête. Sur la navette qui la ramène sur le continent, elle se remémore la journée de la veille : son arrivée en bateau, sa course sur le littoral jusqu’au déclenchement de la catastrophe dont elle pense être à l’origine, et sa rencontre avec les mystérieux naufragés d’un temps lointain. Elle évoque tour à tour la disparition de son père, les histoires de son enfance et l’étrange croyance qu’ils partageaient tous deux. Elle se souvient de sa découverte des pouvoirs du membranophone qu’elle a ramené de l’île de Pâques, île qu’elle nomme Rapa Nui d’après la langue polynésienne. L’histoire s’intitule également Rapa Nui, bien que paradoxalement, l’action se déroule à plus de sept mille milles marins de l’île de Pâques, en Bretagne. Les lecteurs ou auditeurs avertis pourront reconnaître le paysage de l’île de Sein et sa chaussée sur laquelle se brisèrent de nombreux navires.

A l’origine du récit, il y a la silhouette et l’allure d’une voyageuse appuyée au parapet bordant le pont supérieur du bateau traversant la mer d’Iroise entre l’île de Sein et Audierne. Sur ce pont ouvert, les passagers, la plupart recroquevillés dans leurs sièges, étaient transis malgré chandails et vestes. Seule une jeune femme blonde se tenait debout, sans masque (à l’encontre des mesures de protection de la compagnie maritime luttant contre la maladie qui sévissait depuis mars 2020), dans sa robe d’été à damier noir et blanc, indifférente au froid, et aux mouvements de la houle. Pour retrouver son visage et la revoir en pensée, il fallait lui donner une raison de revenir sur l’île. La fiction – je ne le savais pas encore – tenait son personnage principal, son début et son coda.

Restait à imaginer, en même temps que les étapes du récit, la voix intérieure de l’héroïne. Restait à lui prêter une voix humaine et à accompagner de musique le cours de ses pensées dans sa longue déambulation autour de l’île, réelle ou imaginaire. Restait enfin, au cœur même de l’écriture, à faire entendre le bruissement de la mer et inspirer le sentiment d’un temps suspendu, d’un équilibre naturel fragile qu’un souffle de vent pourrait briser.

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