Découvrant récemment le très beau blog Le passage des mots j’y ai été frappé par les photographies de Mira Nedyalkova qu’il présente.
Dans l’ambiguïté que Laurent Monserrat souligne à juste titre, j’ai penché du côté sombre car ces photos m’ont rappelé un poème personnel inédit.
Dans ce texte en octosyllabes, j’avais tenté de lier les larmes, l’eau qui se déverse des fleuves, le sang qui coule et le tissu des robes. Une utilisation d’éléments que l’on retrouve de façon fort différente dans le magnifique poème de Marceline Desbordes-Valmore que j’ai publié la semaine dernière.
Malgré sa tristesse, ce texte est un effort pour prendre pied sur la rive, en écrivant sur une souffrance muette. Pour m’en séparer. Je mettais tous mes espoirs dans les mots, de façon plus urgente et sombre aujourd’hui.
Pleurs
Les femmes de mon enfance
laissent glisser leurs mains le long
des branches qui les retenaient
elles caressent enfin l’absence
qui les amène à la mort.
L’eau coule depuis si longtemps
de leurs yeux jusque sur leur corps
défaisant les plis des robes
qu’elles repassaient quand, autrefois
vivre leur semblait possible.
Elles se tenaient l’une l’autre
si l’une cède, toutes elles ploient
la rive s’effondre dans l’eau
les veines tranchées se vident.
Ces eaux descendantes et glacées
rougies par d’incessantes nuits
se renversent sans cesse en moi,
rien ne vient à ma rencontre.
Votre texte est beau et sombre, de plus il illustre très bien la photo avec cet entrelacement des corps. La délivrance par les mots que vous évoquez s’apparente à une forme poétique de la psychanalyse, l’expression sublimée d’une douleur pour mieux pouvoir la dépasser.
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