Précisions

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Les débats des primaires m’ont rappelés ce poème de Boris Vian.  J’en ai besoin pour sourire après avoir tenté de comprendre des propos confus, vagues, alambiqués, des longues phrases pour ne rien dire.

Dédié à ses zenfants, le texte est écrit l’année de la naissance de sa fille, son deuxième enfant.

Le texte est très drôle, avec ce sens de la dérision et des jeux de mots de Boris Vian, qui démontre l’absurdité des explications sur la vie avec des mots vagues comme nos communicants savent en utiliser, ainsi cette phrase (qui revient deux fois) : La vie (ça) tient de diverses choses, suivie de Et par certains côtés, en outre,/Se rattache à d’autres phénomènes/Encore mal étudiés, mal connus,/Sur lesquels nous ne reviendrons pas. On retrouve aussi des jeux de mots sur le sens (de la vie) : en un sens, ça ne se discute pas/Mais on peut toujours changer de sens/parce que rien n’est intéressant comme une discussion; des banalités soulignées et sublimées par les phrases qui les suivent : La vie, c’est beau et c’est grand/ ça comporte des phases alternées/ avec une régularité qui tient du prodige, La vie c’est plein d’intérêt/ ça va ça vient….comme les zèbres.

Ce texte, comme toute l’œuvre de Boris Vian sonne comme un hymne à la vie, l’enfance et la fantaisie, mais avec la présence de la mort,  une idée qui le hante : Il peut se faire que l’on meure — Même, ça peut être bien se faire,/Mais pourtant, ça n’y change rien.

PRÉCISIONS SUR LA VIE

                À mes zenfants

 

La vie, ça tient de diverses choses

En un sens, ça ne se discute pas

Mais on peut toujours changer de sens

Parce que rien n’est intéressant comme une discussion.

La vie, c’est beau et c’est grand.

Ça comporte des phases alternées

Avec une régularité qui tient du prodige

Puisqu’une phase en suit toujours une autre

La vie, c’est plein d’intérêt

Ça va, ça vient… comme les zèbres.

 

Il peut se faire que l’on meure

— Même, ça peut être bien se faire,

Mais pourtant, ça n’y change rien :

La vie tient de diverses choses

Et par certains côtés, en outre,

Se rattache à d’autres phénomènes

Encore mal étudiés, mal connus,

Sur lesquels nous ne reviendrons pas.

 

Boris Vian 9 février 1948

 

En savoir plus

Né le 10 mars 1920, et mort le 23 juin 1959 à l’âge de 39 ans, Boris Vian est un poète, romancier, dramaturge, scénariste, compositeur, chanteur, trompettiste et  ingénieur. En moins de vingt ans, il a écrit des dizaines de romans, pièces de théâtres, nouvelles, recueils de poésies, livrets d’opéra, scénarios de films, articles pour une cinquantaine de revues, près de cinq cents chansons, sans compter la traduction de dizaines de romans, nouvelles, pièces de théâtre et essais…

Boris Vian a eu une éducation très libérale et cultivée. Son père est rentier et sa mère adore la musique, d’où le choix du prénom de Boris en hommage à l’opéra de Moussorgski, Boris Godounov.  Les loisirs sont consacrés entre autres à la musique et aux divertissements littéraires – « bouts-rimés », charades, exercices poétiques, cadavres exquis. Dès l’âge de 16 ans il se met à la trompette et anime avec ses frères (Leilo joue de la guitare et de l’accordéon, Alain joue de la batterie et du  squizz-box) des soirées jazz.

En 1941, il épouse Michelle Léglise avec qui il a deux enfants.  En 1944, le père de Boris Vian est assassiné par deux intrus que l’on ne retrouvera jamais. Il perd alors une bonne partie des biens de la famille, qui avait déjà souffert de la crise de 1929.

En 1945, Boris signe son premier contrat d’auteur avec les éditions Gallimard et devient ami avec son leur secrétaire général  Raymond Queneau.  L’amitié entre les deux hommes se trouve définitivement scellée avec l’intronisation de Boris au Collège de pataphysique (science qui consiste en « la connaissance et l’application des solutions imaginaires») en 1952, en tant qu’« équarrisseur de première classe » en référence à sa pièce écrite en 1948, L’Équarrissage pour tous. Au Collège de Pataphysique, outre Queneau, Boris retrouve Jacques Prévert – qui deviendra son ami et voisin de palier –, Max Ernst ou Eugène Ionesco. Les raisonnements pataphysiques de Boris Vian comme  son « Mémoire concernant le calcul numérique de Dieu par des méthodes simples et fausses »), lui valent d’obtenir le grade de « Satrape » et de « Promoteur Insigne de l’Ordre de la Grande Gidouille » en 1953.

Son roman le plus connu, L’écume des jours est publié en 1947. Après la publication de L’arrache coeur en 1954, il écrit de très nombreuses chansons (dont le fameux Déserteur), des comédies musicales, des scénarios de films et se passionne pour la science-fiction.  Il enregistre avec Henri Salvador le premier 45 tours rock français, C’est le be-bop, qui fait un tabac.

Le 23 Juin 1959 Boris Vian meurt pendant la projection du film tiré de J’irai cracher sur vos tombes. Peu avant sa mort, il disait : «J’ai eu une vie mouvementée, mais je suis prêt à recommencer».

Sources

Le site officiel sur Boris Vian http://www.borisvian.org/

Le blog : http://borisvian.over-blog.com

Un très beau dossier de la BNF http://classes.bnf.fr/rendezvous/pdf/Vian.pdf

Discographie et chansons sur Deezer http://musique.rfi.fr/artiste/chanson/boris-vian

Un article de Véronique Mortaigne sur Le Monde : Cinquante ans après sa mort, Boris Vian est toujours là

http://www.lemonde.fr/culture/article/2009/06/24/cinquante-ans-apres-sa-mort-boris-vian-est-toujours-la_1210786_3246.html

7 réflexions sur “Précisions

  1. Boris Vian, Jacques Prévert, Raymond Queneau… avaient en commun d’aimer jouer avec les mots, leur sens, leur sonorité.
    Lorsque Boris Vian était élève ingénieur à l’École centrale de Paris, il a collaboré à l’invention d’une machine imaginaire, le pianocktail, un instrument destiné à faire des boissons tout en se laissant porter par la musique.
    Aujourd’hui, la salle de spectacle de Bouguenais porte ce nom en hommage à Boris Vian

    https://goo.gl/images/1MLav8

    Aimé par 2 personnes

    • Ah oui le zob dans des coinstaux bizarres ça me dit quelque chose…je vais chercher..j’avais un grand père grand amateur de poésie mais que je voyais comme un « classique », trop classique, qui m’avait surprise en me faisant l’éloge de Cantilènes en gelée, l’excellent recueil de Vian…quand au candidat à la présidentielle c’est tout à fait frappant..

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