1992
Porte, ruminations et départs
empreintes, poignées de Sèvres
mains brèves sur le verre
Femmes, mamelons, lèvres vermeilles
rêves nus alanguis
cadre, demeure imaginaire
Moulures, rose et plâtre laiteux
désir solitaire
inutiles frissons
Divan, lisière et variation
abord du silence
lit entre un et deux
2022
Je m’allonge, frissonnante, sur le divan progressivement silencieux, aux côtés des odalisques alanguies sur leurs lits de désir solitaire, mamelons et lèvres brillant comme une pluie de pétales vermillons, sous les moulures laiteuses et les encadrements de rêves impudiques, face à la porte où ta main, sur la poignée de Sèvres, a frôlé brièvement ma peau, sans que ton regard, une seconde, ne se pose sur moi.
Au 5e siècle avant JC, Simonide de Céos, le poète qui célébra les héros de Marathon déclare : « La peinture est une poésie silencieuse et la poésie une peinture qui parle ». Le poème à quatre mains « Rendez-vous » en est la parfaite illustration. Vous vous êtes appropriés les codes de la peinture de deux courants différents pour illustrer (le choix du verbe est à dessein) la scène d’un transfert érotique d’une patiente dans le cadre d’un cabinet d’analyse. Dans le premier texte des techniques de fragmentation du regard chez les peintres du début du 20e siècle et dans le second un langage qui se rapproche du courant orientaliste des peintres du 19e siècle (avec notamment la référence à l’odalisque). S’appuyer sur des codes et des références culturels et artistiques partagés, invite le lecteur/spectateur à devenir complice de la création poétique. En définitive, le lecteur/spectateur s’allonge aux côtés de la narratrice pour vivre son propre fantasme érotique d’un Orient mythique. En cela, on peut affirmer que si les références sont communes et donnent des clefs de lecture du monde et des œuvres, la lecture demeure toujours unique et personnelle.
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