Coupe

1993

J’ai rêvé être la coupe 

Vide où se concentrerait 

Ton parfum 

Je suis la page écorchée 

Par tes silences et tes phrases 

Si soudaines 

Mais quand ton sexe vit en moi 

Je resserre bras et jambes 

Pour t’étreindre 

Et pour m’emprisonner, seule ?

.

2023

J’ai tenu si longtemps un voile
De pudeur sur le désir
Redoutable d’ensemencer
Ta langue, buvant la coupe
De tes paroles feutrées, tu
Devinais sous l’apparence
L’éperon endurci battant
Ta coulpe silencieusement
Confessée, mon seul mot d’amour

7 réflexions sur “Coupe

  1. Merci pour ce beau poème, puisqu’on peut lire les deux poèmes comme un dialogue dans lequel les deux voix se chevauchent et viennent remplir les interstices du discours amoureux de l’autre, un discours amoureux centré sur le désir.
    Les deux poèmes suivent la même progression. Les auteurs commencent par affirmer leur désir amoureux pour l’autre, avec passion et manque dans le premier, avec ce qui semble une crainte d’être emporté par le désir ou une difficulté à dire ses sentiments dans le second. Ainsi, il se crée une tension entre la révélation du désir longtemps tenu secret par l’être aimé et l’attente forte manifestée par la poétesse dans les trois premiers vers du poème de 1993.
    Dans un second temps, les poètes expriment tous les deux une souffrance, cependant, il est frappant de noter que finalement le jeu de l’amour opère bel et bien. Lui « buvant la coupe (métonymie) de (t) es paroles feutrées », elle devinai(s) sous l’apparence l’éperon endurci ». Ainsi, le discours amoureux de la poétesse attise le désir bien palpable de l’être aimé. C’est ce que nous voyons à l’œuvre dans la dernière partie des poèmes. La poétesse exprime son désir violent de posséder par la fusion charnelle l’être aimé (« je resserre bras et jambes ») qui fait mine de lui échapper comme le matérialisent la virgule et le point d’interrogation final de l’ultime vers. La poétesse affirme son désir de manière directe et passionnée, tandis que l’être aimé joue sur la retenue, la culpabilité et la confession qui peuvent presque être rapprochées d’une mystique religieuse. En appui, l’utilisation d’un champ lexical choisi à dessein pour sa polysémie. Le jeu avec les paronymes coupe (Graal)/coulpe (culpabilité) est tout particulièrement révélateur.
    Nous sommes dans la tradition de la lyrique courtoise. Le thème du long désir, son expression poétique ainsi que la dimension de distance non pas spatiale comme dans l’amour de loin chanté par Jaufre Rudel, mais temporelle viennent étayer cette affirmation. Dans « Coupe », il ne s’agit pas d’arriver au but, mais de maintenir une soif, une éternelle approche par les mots (le joi des troubadours).

    Aimé par 1 personne

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s